Le compost

Quand on veut concevoir son jardin, sa terrasse ou son balcon en permaculture, très vite, le compost apparaît comme un élément clé, étant au coeur de plusieurs principes de permaculture comme « Conserver l’énergie, la recycler, la faire circuler et l’optimiser », « Tout déchet est une ressource inexploitée », « Obtenir une récolte » ou encore « Faire de petites actions pour de grands changements »… Mais concrètement comment ça marche ? Comment faire son compost ? Quelle technique choisir ? Pour quel résultat ? Découvrez-le dans ce guide complet du compostage !

Définition et bonnes raisons de s’y mettre

De quoi s’agit-il exactement ?

Le compost est un produit fini résultant d’une « digestion » plus ou moins longue de matières organiques en milieu aérobie (= où il y a du dioxygène) par un ensemble complexe d’organismes vivants allant des micro-organismes comme les champignons, les bactéries à des insectes et animaux plus gros comme des cloportes, des larves de coléoptères, des myriapodes, des gastéropodes, des lombrics et bien d’autres encore…

Au final, un bon compost est une terre de couleur brune foncée à noire, avec une odeur de sous-bois agréable et une texture grumeleuse ni trop sèche, ni trop humide dont on ne peut plus distinguer les matières organiques qui ont permis de le constituer (mis à part des résidus d’éléments plus coriaces à digérer comme de gros bouts de bois, des coquilles d’oeufs non broyées ou de gros noyaux de fruits). C’est un amendement organique très intéressant pour nourrir vos cultures hors-sol, en pots et autres jardinières comme vos cultures en pleine terre (potager en permaculture, jardin-forêt, jardin d’ornement…). Voir plus bas dans cet article pour les différentes utilisations du compost.

Définition et bonnes raisons de s’y mettre

Pourquoi composter ?

Voici une liste non exhaustive de bonnes raisons de se mettre au compostage !!

Composter c’est : 

1) ramener à la terre une partie des nutriments qu’on y a prélevés notamment par la culture de plantes vivrières: fruits, légumes et autres céréales… Le compost permet de cycler les nutriments sur son site et d’éviter un appauvrissement des sols qui engendrerait une baisse inexorable des récoltes au fil du temps.

2) réduire significativement les quantités de déchets ménagers par foyer. Le compostage contribue à alléger ses poubelles et donc la facture du foyer qui composte à l’heure où de plus en plus de communes, en France, taxent le ramassage des ordures ménagères ! 

3) réduire les allers-retours à la déchetterie, car la grande majorité des « déchets verts » sont en fait compostables !

4) produire son propre amendement naturel et gratuit, à la portée de tous. Grâce à votre compost, plus besoin d’acheter en jardinerie du compost ou des engrais souvent assez chers et à la composition parfois obscure en termes de produits chimiques ajoutés.

5) obtenir des « produits » intéressants autres que le compost en lui-même, produits pouvant être les besoins d’autres éléments dans un design en permaculture. On peut citer notamment la production de chaleur et la production de nourriture (vers) pour des poules pondeuses par exemple. 

Celles et ceux qui sont engagés dans une démarche de conception en permaculture verront bien l’importance d’une telle analyse besoin / produit. Pour les autres, c’est à découvrir dans notre article dédié à la compréhension de l’intérêt d’une conception en permaculture.

6) faire un pas vers plus d’autonomie de son « écosystème cultivé » en limitant les intrants par la production sur place de son propre amendement de sol !

7) se responsabiliser face aux déchets que l’on produit en prenant en main leur transformation.

8) avoir une activité à la dimension pédagogique forte qui permet d’aborder, en famille, y compris avec les plus jeunes, la vie du sol et plus globalement le cycle de la vie, à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique.

Les clés d’un compostage réussi :

Pour réussir son compost, il y a 3 points essentiels à respecter.

1) Un bon rapport carbone / azote au niveau des matières organiques mises à composter : on vous conseille grosso modo un rapport de 50/50 entre les matières « vertes » humides à tendance plutôt azotée et les matières « brunes » sèches à tendance plutôt carbonée. Vous verrez parfois le rapport 2/3 de matières azotées pour 1/3 de matières carbonées et parfois tout à fait l’inverse…ne vous prenez pas la tête, un volume de matières vertes humides pour un volume de matières brunes sèches fera parfaitement l’affaire  !

2) Une bonne pénétration de l’air dans le compost : les principaux organismes qui digèrent les matières organiques d’un compost sont tous aérobies, ils ont besoin de dioxygène pour vivre. S’ils sont privés d’air, ils meurent, la décomposition s’arrête et des odeurs putrides apparaissent. C’est pourquoi il est très important de brasser son compost pour l’aérer !

3) Une humidité suffisante, mais pas excessive :  un tas de compost trop sec aura du mal à se décomposer, car les organismes du compost ont besoin d’eau pour vivre. À l’inverse, un tas de compost trop humide sera privé d’air laissant la place aux développements de bactéries anaérobies (vivant en milieu privé d’air) qui déclencheront des phénomènes de putréfaction aux odeurs vraiment désagréables ! La bonne humidité pour un compost peut se mesurer simplement en en prenant une poignée : si en serrant cette poignée, du liquide s’en échappe, c’est qu’il est trop humide et si en revanche la poignée est friable, très sèche avec peu de matière noire, c’est qu’il est trop sec !

Enfin, nous aimerions rajouter une 4ème clé à la réussite d’un compost :

4)  La diversité des ingrédients qui le composent : en appliquant le principe de permaculture « Favoriser la diversité » à son compost, on diversifie les apports de nutriments de celui-ci !

Les différentes techniques de compostage :

Parmi les diverses techniques de compostage, on distinguera celles qui se font en extérieur de celles qui se pratiquent en intérieur.

Le compostage en extérieur :

Le compostage en tas ou andain :

Le compostage en tas ou andain est particulièrement adapté aux jardins assez grands produisant beaucoup de matières à composter et avec la place pour le faire.

L’emplacement du tas sera à déterminer consciencieusement selon la surface disponible à côté pour les opérations de brassages, les synergies possibles avec les autres éléments du jardin (analyse besoins / produits) et le zoning de votre lieu tout en prenant en compte son aspect visuel relativement inesthétique qui peut déranger dans le paysage :).

Un compost en tas est très simple à mettre en place. Il suffit de former, à même le sol, un tas faisant entre 50 cm et 1,5 m de haut en moyenne en alternant les couches de matières vertes et de matières brunes. Pensez à arroser au fur et à mesure de la construction du tas, à chaque fois que vous mettrez une couche de matières sèches ;). S’il vous reste un peu du compost précédent, mettez-le au coeur du tas, cela activera encore plus vite le processus de décomposition !

Une fois constitué, le tas devra être suffisamment humide et bien aérer, introduire dedans des petits branchages peut y aider ;). On vous conseille, même si ce n’est pas obligatoire, de l’abriter des pluies pour éviter les lessivages qui emmèneraient les précieux nutriments dans les eaux de ruissellement.

Ce type de compostage monte en température assez vite, pouvant atteindre les 70°C les premières semaines, ce qui est très bien pour éliminer la plupart des graines d’adventices et certains ravageurs dont les oeufs pourraient être présents dans le tas de compost. Puis au bout de 3 à 6 semaines (selon les dimensions du tas), la température va retomber autour des 30°C. Il est alors temps de commencer à brasser le compost, environ une fois par mois tout en surveillant l’humidité de l’ensemble.

Cette opération de brassage est généralement assez aisée avec le compost en tas, car il suffit de le déplacer sur une surface voisine pour l’aérer.

Avec cette technique de compostage, même s’il y a des variations dans le temps nécessaire à la maturation du compost selon les conditions climatiques, la météo, la saison ou encore les matières mises à composter, on obtient généralement un compost demi-mûr en 2 à 3 mois environ et un compost mûr au bout de 6 à 9 mois.

Le compostage en silo ou bac :

Le compostage en bac ou en silo se fait aussi à même le sol, mais il a une contenance restreinte au volume du contenant utilisé. Il est donc, à priori, plus adapté aux petits jardins produisant peu de matières organiques à composter.

Mais son aspect plus esthétique que le simple tas peut donner envie de l’utiliser aussi pour de grands jardins, on pourra alors placer plusieurs bacs à compost côte à côte ! Le composteur, soit totalement fermé soit avec des ouvertures latérales, peut être acheté ou autoconstruit et fait de bois, de plastique ou encore de métal, selon les goûts ! Il protège les matières mises à l’intérieur des pluies, mais cela suppose, par conséquent, une surveillance accrue de l’humidité pour arroser à chaque fois que nécessaire.

Contrairement au compost en tas, le brassage est assez difficile dans un contenant et peut nécessiter l’emploi d’outils spéciaux comme le « Brass’compost® », sorte de spirale en métal, vu en photo plus haut ou autre outil dédié à l’aération du compost ! Pour se passer des brassages, on peut aussi faire un tas de matières organiques plus petit et démultiplier les alternances de couches de matières vertes et brunes en jouant sur les épaisseurs de ces couches…

Avec cette technique, on obtient généralement un compost mûr entre 5 et 8 mois après la mise en compostage, là encore la durée de maturation est variable selon le contexte, les conditions climatiques, la saison, etc.

Le compost façon Jean Pain :

C’est dans les années 70 que Jean Pain découvre et développe la méthode de compostage qui portera ensuite son nom. Installé dans le Var avec sa femme Ida, il s’occupe du gardiennage d’un domaine de plus de 240 ha qu’il faut absolument débroussailler pour éviter les feux de forêt si fréquents dans la région. Il va alors avoir l’idée d’utiliser tous ces « déchets » de broussailles pour faire du compost. Il va donc entasser et bien humidifier de grandes quantités de broussailles broyées (plusieurs dizaines de m3) et réaliser que non seulement il produit, en quelques mois, un compost d’une excellente qualité pour le jardin, mais, qu’en plus, avec quelques ajouts à son système, il peut profiter de la chaleur et du gaz dégagés par le phénomène de compostage pour chauffer de l’eau et récupérer du méthane !!!  La méthode « Jean Pain » était née et allait fasciner bon nombre de permaculteurs à travers le globe !

En effet, en rajoutant un réseau de tuyaux en polyéthylène à l’intérieur même du gros tas de broussailles, on peut chauffer de l’eau jusqu’à plus de 60°C puis faire circuler cette eau chaude dans divers espaces comme une serre par exemple afin de la chauffer sans consommer d’énergie électrique ou fossile !

Il est également possible de mettre en place un système hermétique à l’intérieur du tas de compost permettant de récupérer le méthane produit lors de la décomposition des matières organiques…bref, un compost façon Jean Pain, parfois appelé « réacteur Jean Pain » est un élément multifonction qui peut être très intéressant quand on a beaucoup de bois et autres broussailles à disposition. Mais c’est aussi un compost très technique qui demande beaucoup d’efforts, de connaissances et de matériels à sa mise en place.

Les vermiscomposteurs d’extérieur :

Comme vous pourrez le voir dans notre article dédié à cette technique, il est possible de fabriquer, avec du matériel de récupération, un vermicomposteur d’extérieur très efficace. Il s’agit de profiter des remarquables capacités de décomposeurs de deux sortes de vers spéciaux, l’eisenia foetidia (ver tigré) et l’eisenia andrei (ver rouge de Californie) en leur fournissant, dans un environnement fermé relativement protégé des intempéries, des matières organiques fraîches à décomposer avec un rapport matières carbonées et matières azotées relativement équilibré.

Un vermiscomposteur d’extérieur produit à la fois un excellent compost et un « thé » ou « jus » de compost très utile en dilution au jardin potager ! C’est un élément assez simple à réaliser à partir de matériels assez faciles à se procurer en récup’.

Le compostage de surface :

On touche ici à une des formes de compostage les plus simples qui soit, consistant à simplement laisser travailler pour nous la vie du sol. Ici, pas besoin de matériel spécial ni de surveillance particulière ou autre manipulation quelconque pour aérer le compost ou surveiller son humidité… On répartit simplement en surface du sol, sous le mulch, nos déchets organiques, déchets de cuisines ou éléments végétaux non intéressants à récolter et on laisse les habitants du sol s’en délecter à leur rythme. Au fil du temps, toute cette matière apportée « brute » au sol (légèrement broyée pour les plus gros éléments, histoire de faciliter la tâche de nos amis décomposeurs) va être transformée en humus sans que vous ayez eu rien de plus à faire ! 

Voici un petit focus en vidéo sur 3 stratégies de compostage en extérieur utilisées par Benjamin pendant des années sur la ferme expérimentale de la Goursaline : le compost en tas à froid pour le compostage notamment de toilettes sèches, le compost en tas à chaud et le compostage de surface.

Le compostage en intérieur :

Avec ou sans accès à un jardin extérieur, on peut aussi profiter, en intérieur, des avantages du compostage que sont notamment la réduction des déchets ménagers et la fabrication d’un compost de qualité, par exemple pour des jardinières de balcon ou autres cultures d’intérieur !

Les Lombricomposteurs et vermicomposteurs d’appartements :

La gamme des lombricomposteurs et vermicomposteurs d’intérieur s’est bien étoffée ses dernières années avec la demande grandissante en milieu urbain. Il faut dire qu’un lombricomposteur est très pratique, simple d’utilisation, compact, sans odeurs ni nuisances particulières et permet de produire un compost et un jus de compost de grande qualité pour des cultures en pot ou en jardinière !  Cela apporte aussi une dimension pédagogique intéressante et porteuse de sens dans la gestion des déchets d’une famille engagée dans une démarche écologique ! Un lombricomposteur ou vermicomposteur d’intérieur se compose le plus souvent de plusieurs « bacs » empilés les uns sur les autres, mais reliés entre eux via des petits trous pour permettre la circulation des vers et des matières.

Le bac supérieur avec couvercle contient les déchets de cuisine hachés qu’on y dépose régulièrement, c’est le réservoir de nourriture fraîche pour les vers. Se trouve en dessous le compost en cours de maturation que les vers ont commencé à décomposer, c’est, en général, à cet étage que se trouve la plus grande population de vers qui « travaillent » activement à la transformation des déchets. L’étage encore en dessous sert à récupérer le lombricompost mûr qu’il faut récolter tous les 3 à 4 mois en moyenne. L’étage inférieur enfin est souvent équipé d’un petit robinet, car il sert, lui, à récolter le « jus » de compost qui s’écoule des étages supérieurs !

Le « compost » bokashi :

La technique du bokashi nous vient du Japon. C’est un mode de compostage différent de ceux vus précédemment, car il s’agit d’une fermentation des matières organiques déclenchée par des micro-organismes efficaces (appelés EM) qui vivent uniquement en milieu anaérobie (privé de dioxygène). Cette technique de compostage nécessite donc à la fois un seau à bokashi qui soit hermétique et l’ajout de micro-organismes efficaces via un support inerte, comme du son de blé ou de la sciure, inoculé de ses fameux micro-organismes, à acheter la plupart du temps dans le commerce. Un compostage bokashi va dégager une odeur âcre due à la fermentation anaérobie, mais qui ne sera normalement pas une nuisance étant donné qu’elle restera piégée dans le contenant hermétique. Un compost bokashi ne sent donc rien s’il est bien fermé ! Le gros avantage de cette méthode est qu’elle permet de composter quasiment toutes les matières organiques sans restriction particulière, y compris celles qu’on ne met pas habituellement dans les autres types de compost comme des restes de viandes, laitages ou encore des agrumes…

Un bokashi va produire à la fois des matières fermentées solides et un jus de bokashi très riche en nutriments, mais à diluer fortement avant utilisation en arrosage des cultures. Par ailleurs, le « produit solide» issu d’un compostage bokashi n’est pas un compost utilisable directement au jardin, tel quel. De pH acide à la sortie du seau à bokashi, il nécessitera soit d’être enterré assez profondément dans le sol pour éviter tout contact avec les racines des plantes, soit de passer quelques semaines sous terre ou dans un tas de compost avant d’être utilisé au jardin pour achever sa décomposition et retrouver un pH un peu plus neutre. S’il est mélangé au terreau d’une jardinière, ce sera à hauteur de 10 à 20 % maximum et il faudra patienter minimum une quinzaine de jours avant d’y mettre vos plantes. L’utiliser directement après sa sortie du seau dans vos plantations serait une erreur, car il aura tendance à brûler les racines des plantes et les endommager.

Que mettre dans le compost ?

Selon la technique utilisée, les matières organiques que l’on peut ou non mettre à composter varient.

Ceci dit, la liste des matières organiques compostables est vraiment conséquente ! On ne listera pas tout ici, mais en voici un aperçu :

  • « déchets » de cuisine types épluchures et restes de fruits et légumes de préférence non traités, marc de café, sachets de thé/infusion, coquilles d’oeufs broyées…
  • « déchets » de jardinage comme des tailles d’arbustes et arbres fruitiers préalablement broyées, des tontes de gazon, des feuilles mortes…
  • « déchets » issus de l’élevage d’animaux herbivores : plumes, poils, litières végétales, fientes et autres fumiers de poules, de lapins, de chèvres, de cheval…
  • « déchets » ménagers comme les serviettes, mouchoirs ou essuie-tout en papier sans imprimés ni couleurs, les bouquets de fleurs fanées…
  • Différents produits issus du bois (non traité évidemment) : sciure, cendre (avec parcimonie), cartons bruts.

On peut même, en restant sur de petites proportions par rapport à l’ensemble de son compost (moins de 20% du total) et en les broyant le plus possible, mettre à composter des matières habituellement déconseillées comme des restes de viandes, de poissons, de coquillages, de fromages, des agrumes, des végétaux toxiques (feuilles de rhubarbe, laurier rose…) ou difficilement digérables par les micro-organismes (sapins, aiguilles de pin…).

À l’inverse, la liste des matières organiques qu’il vaut mieux éviter de mettre au compost est relativement courte, il s’agit principalement des corps gras (huile végétale et graisse animale), des magazines et journaux fortement encrés ou sur papier glacé, des végétaux malades ou infestés de ravageurs, des déchets plastiques et tout ce qui n’est pas organique : métaux, verre, sable…

Utilisations du compost

Utilisation du compost au jardin :

Le compost peut être apporté toute l’année à vos cultures potagères gourmandes, vos plantes ornementales, mais aussi vos arbres et arbustes fruitiers, mais les périodes les plus propices à l’ajout de compost au jardin restent quand même le printemps et l’automne, car c’est là que les vers de terre seront les plus actifs pour bien mélanger ces apports de compost au sol !

Le compost est un excellent amendement qui va stimuler l’activité biologique de votre sol tout en y apportant de nombreux nutriments essentiels à la croissance et la fructification des végétaux, il va également stimuler le système immunitaire des végétaux les rendant moins sensibles aux maladies !

En règle générale, on évitera d’enfouir profondément le compost pour ne pas tuer la grande diversité d’organismes aérobies qu’il contient et qui font sa richesse et son efficacité au jardin ! On préférera l’apporter en surface du sol ou l’incorporer uniquement sur les premiers centimètres de terre.

Au potager :  on utilisera de préférence un compost mûr qui fera merveille légèrement incorporé ou juste réparti autour de vos légumes gourmands comme vos courgettes, concombres, tomates, poivrons, aubergines… Cependant, il ne faudra pas en mettre partout au potager sans distinction, car certains légumes comme les échalotes, les oignons ou encore l’ail, n’appréciant pas spécialement les sols très riches, n’en auront pas forcément besoin. C’est un élément à prendre en considération lorsque vous préparez vos associations de légumes au potager.

Bien tamisé, il sera aussi très utile pour booster vos semis en pleine terre, sa couleur noire permettant un réchauffement plus rapide du sol ;). Les reliquats grossiers issus du tamisage pourront être utilisés en mulch ou remis à composter.

En jardinière : on pourra aussi ajouter du compost mûr aux substrats des cultures hors-sol en bac ou en jardinière à raison de 1/3 de compost pour 2/3 de terre en moyenne !

Pour les arbres et arbustes : on peut utiliser du compost jeune contenant encore des éléments grossiers non décomposés ou du compost mûr qu’on mettra au sol en couche d’environ 1 à 2 cm sur toute la surface du houppier de l’arbre (envergure formée par les branches et le feuillage) sans en mettre trop près du tronc pour ne pas couvrir le point de greffe et laisser respirer l’arbre ou l’arbuste en question !

En mulch : le compost encore jeune avec pas mal d’éléments grossiers non décomposés peut aussi servir de mulch dans des allées entre des buttes de permaculture par exemple ou entre certaines jeunes cultures assez espacées le temps qu’elles se développent et recouvrent l’espace de leur feuillage…

Utilisations des autres produits du compost

La chaleur : comme évoqué dans le compostage façon Jean Pain ou le compost en tas, composter une grande quantité de matières organiques en milieu aérobie génère une montée en températures conséquente qui peut être exploitée, par exemple, via un réseau de tuyaux passant dans le tas de compost pour chauffer de l’eau et ainsi alimenter une douche en eau chaude, chauffer une serre. On peut aussi créer des synergies entre, par exemple, un tas de compost et un poulailler, placés côte à côte, l’un réchauffant l’autre par contact (en ayant pris soin, préalablement, d’étanchéifier la zone de contact pour éviter de dégrader le mur de séparation!!).

Les jus de compost / thé de compost : il s’agit du liquide qu’on récupère lors du lombricompostage ou vermicompostage. Il doit être utilisé rapidement après récolte pour garder un maximum de ses propriétés, idéalement dans les heures qui suivent. Récupérez votre jus, diluez-le à raison d’un 1L de jus de compost pour 10L d’eau (de pluie de préférence) et si vous le pouvez, prenez le temps de le brasser énergiquement pendant quelques minutes en tournant dans un sens puis dans l’autre plusieurs fois d’affilé pour bien oxygéné le mélange. Vous pouvez ensuite l’utiliser en arrosage directement au jardin sur vos plantules et jeunes cultures en début de saison, sur les plantes chétives ou encore pour ramener de l’azote sur un mulch trop épais de BRF, stimuler l’activité biologique de votre sol… Il peut aussi servir à accélérer la germination de vos tubercules potagers ou ornementaux, être versé dans le sillon de vos semis pour stimuler leur levée…bref, ce sera un vrai booster pour vos cultures !

Les vers du compost : dotés de facultés de reproduction assez importantes (1 vers peut donner naissance à 500 vers par an), les vers de compost sont également une production intéressante pouvant servir de complément alimentaire pour vos poules ou même de vos poissons d’élevage !

Où trouver du compost gratuit ?

En voilà une bonne question, n’est-ce pas ? Voici quelques pistes pour vous aider !

  • Certaines collectivités territoriales et notamment les syndicats intercommunaux de gestion des déchets, s’engagent dans une démarche écoresponsable de valorisation des déchets récoltés sur leur territoire et distribuent, notamment via leurs réseaux de déchèteries publiques, du compost gratuit aux usagers résidents sur les communes concernées. Alors, s’il n’y a rien de tel sur votre territoire, allez en toucher un mot à M ou Mme le maire en mettant en avant des exemples de collectivités qui l’ont fait avec succès, comme le Syndicat mixte Bergeracois pour la gestion des déchets en Dordogne ou l’USTOM en Gironde !
  • Vous n’avez pas de compost, mais peut-être avez-vous d’autres choses à offrir qui peuvent faire l’objet d’un troc avec des personnes qui ont du compost à offrir : peut-être pouvez-vous troquer du temps pour rendre tel ou tel service ou une partie de vos futures productions nées du compost qu’on vous aura donné !!  N’hésitez pas à vous renseigner sur les SEL (Systèmes d’Échanges locaux) et autre JEU (Jardin d’Échange Universel) éventuellement présents autour de chez vous !!

Où acheter du compost ?

Même si on veut se mettre à composter, il est possible qu’on n’arrive pas tout de suite à produire les quantités suffisantes pour amender son jardin et que, les premières années notamment, un achat complémentaire de compost soit nécessaire…

Dans ce cas, on peut se tourner vers les jardineries qui en vendent en sacs de 20L à 80L en général, on choisira de préférence un compost labellisé bio, même si cela ne garantit par forcément qu’aucun engrais n’ait été ajouté ! Mieux vaut bien lire les étiquettes pour voir ce qui est inclus dans le compost que vous comptez acheter.  Pour de plus grosses quantités, on se tournera vers des composteries qui sont des entreprises spécialisées dans le compostage et la vente aux particuliers. Mais la composition du compost vendu sera bien souvent assez aléatoire (selon les déchets collectés), il sera donc difficile d’exiger dans ce cas un compost totalement exempt de produits chimiques.

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