La culture en lasagne

Voyons en détail en quoi consiste une culture en lasagne !

Comment faire une culture en lasagne :

Faire une lasagne revient tout simplement à créer une butte de permaculture temporaire puisqu’elle ne durera généralement qu’une saison.

Elle est un support de culture facile et rapide à mettre en place qui va être un concentré de nutriments pour vos plantes et avoir un effet « booster » sur vos cultures. Une lasagne va être constituée principalement d’empilement en alternance de couches de matières organiques vertes (humides, à tendance plutôt azotée) et brunes (sèches, à tendance plutôt carbonée). C’est de cet empilement de couches en alternance que vient son appellation.

Culture en lasagne, la recette de base :

Comme toujours en permaculture, il faut s’adapter au contexte, il n’y a donc pas une seule et unique recette pour faire un potager en lasagnes, mais bien des recettes diverses qui varieront selon vos besoins, votre environnement, la surface et les ressources disponibles chez vous.

Pour simplifier, nous allons donner ici une recette relativement générale pour constituer une culture sur butte façon lasagne en partant d’un sol enherbé classique type pelouse ou prairie.

 Choisir et préparer la zone de culture

Une lasagne se fait à même le sol, pas besoin de creuser, ni d’enlever la couche d’herbe présente au sol. Si vous avez un sol particulièrement compact ou lourd, il peut être bon de passer simplement un coup de grelinette sur la zone histoire de l’aérer un peu avant de la couvrir…mais aucun désherbage n’est à faire, ce qui épargne pas mal de travail.

Si le sol est particulièrement sec, un petit arrosage pourra être nécessaire.

Si les herbes sont hautes à l’endroit choisi pour établir la culture en lasagne, passez simplement un coup de tondeuse dessus.

Définir le type de bordures

Pour la mise en place de bordures, qui ne sont pas obligatoires, divers choix sont possibles. Ils impacteront la durée de vie de la lasagne et sa facilité à être déplacée par la suite si besoin : coffrage en planches de bois, pourtours en rondins de bois ou en pierres, bottes de paille ou de foin…

Occulter la lumière sur le sol enherbé de départ

Sur la zone choisie pour faire la culture en lasagne, on va recouvrir le sol d’une couche de carton brut sans encre duquel on aura retiré tous éléments plastiques (ruban adhésif, enveloppe contenant les documents d’expédition…) et tout amas de colle éventuel. Certains utilisent, à la place du carton, des couches de journaux, mais si on peut éviter pour minimiser la quantité d’encres introduite dans l’ouvrage c’est mieux.

Une fois la couche de carton bien uniforme sur l’ensemble de la surface (bien superposer les cartons pour éviter de laisser des trous dans cette couche),il ne reste plus qu’à l’humidifier.

Une couche de fumier / compost

Par-dessus le carton humide, il est conseillé de mettre une fine couche de 1 à 3 cm de fumier ou compost mûr pour amener de la vie et aider au processus de décomposition de la lasagne à venir.

Mais cela est facultatif, donc pas d’inquiétudes si vous ne pouvez pas en mettre faute de matière disponible.

Alterner des couches de matériaux verts et bruns tout en humidifiant l’ensemble.

Par-dessus la couche de fumier, on va commencer par mettre une couche d’environ 5 cm de matières organiques vertes qui auront donc tendance à être plus azotées que carbonées. Il peut s’agir de tontes de gazon, de déchets végétaux divers, de déchet de cuisine type épluchures de légumes, de végétaux sauvages ou cultivés particulièrement riches en nutriments (ortie, consoude…), de feuilles d’arbres caducs encore vertes…

Sur cette première couche « verte », on va ajouter une couche de matières organiques brunes qui seront, elles, plutôt à tendance carbonée et sur une épaisseur légèrement supérieure à celle de la couche précédente (6 à 10 cm). Il peut s’agir de paille, de foin, de feuilles mortes, de B.R.F. (Bois Raméal Fragmenté), de bois broyé, de sciure ou écorce (de préférence en mélange avec d’autres matières brunes), on peut même rajouter au mélange de matières brunes du carton déchiqueté, si on en a beaucoup…

Et on recommence ainsi avec une alternance de couches de matières vertes et de matières brunes. Il n’y a pas de nombre de couches formellement établi pour former une lasagne, car cela va en grande partie dépendre de la quantité de matières qu’on peut se procurer. En général, une alternance de 3 couches de « vert » avec 2 couches de « brun » est une bonne moyenne. Il y a souvent une couche de matières brunes en moins par rapport aux matières vertes, car on finira généralement l’empilement par une couche de vert, même si cela n’est pas obligatoire.

En fait, le nombre total de couches sera à adapter à vos ressources disponibles : si vous n’avez que de quoi former une couche de chaque, commencez alors plutôt par mettre, au-dessus de la couche de fumier, la couche brune pour terminer par la couche verte. Dans le cas d’une lasagne formée d’une seule couche de chaque, elle sera moins riche en éléments nutritifs et durera moins longtemps, car elle sera plus rapidement « consommée » par le sol et les végétaux cultivés sur ce support temporaire.

Point important à ne pas oublier, à chaque fois que vous poserez une couche de matières brunes, arrosez-la généreusement pour que s’enclenche plus rapidement le processus de décomposition.

Autre petit détail intéressant pour enrichir vos apports en nutriments dans votre lasagne : saupoudrez, avec parcimonie, un peu de cendre de bois (issue de préférence de feux de rameaux ou branches plutôt que de bûches) entre quelques-unes de vos couches de matières organiques. Cela apportera notamment du potassium et du phosphore, éléments nutritifs essentiels à la fructification et la bonne santé de vos cultures.

La couche finale pour vos cultures…

La réalisation d’une lasagne se termine généralement par la couche dans laquelle vous viendrez planter directement vos végétaux cultivés. Il s’agit d’une couche de terre mélangée à du compost mûr ou du terreau de 5 à 10 cm environ. Si vous ne mettez pas tout de suite vos jeunes plants après avoir fini votre lasagne, pensez à la recouvrir de mulch, pour ne pas laisser la terre à nu sur le dessus de votre support de culture. Et même si vous plantez tout de suite, pensez à mulcher les espaces de terre restant à nu autour de vos végétaux.

Cette dernière couche de terre n’est pas obligatoire si vous souhaitez utiliser la lasagne principalement pour des transplantations de jeunes plants : dans ce cas, vous pouvez vous arrêter à la dernière couche de matière verte et lorsque vous installerez vos jeunes plants, vous viendrez simplement faire un poquet dans la couche verte, y mettre un mélange de terre et compost dans lequel vous placerez ensuite votre plant avec la motte initiale dans laquelle il aura grandi.  Vous recouvrirez ensuite de mulch.

Cependant, cette couche de terre finale sera nécessaire si vous souhaitez faire des semis directs dans votre lasagne plutôt que d’y transplanter de jeunes plants de légumes…

Pourquoi faire une culture en lasagne :

Faire des lasagnes, OK, mais dans quel but ? Les bonnes raisons de faire un potager en lasagne varieront évidemment d’un jardinier à l’autre.

Du point de vue du jardinier :

C’est un support de culture temporaire très facile et rapide à créer, sans gros efforts physiques, donc, même quand on n’est pas très en avance dans la saison potagère, une lasagne peut permettre de « rattraper son retard », ce qui peut être très utile aux jardiniers peu prévoyants ;).

On a une grande liberté dans le choix de son emplacement étant donné qu’on part simplement d’un espace de terre enherbé.

On a aussi une grande liberté de formes, ce qui confère aux lasagnes un aspect très ludique : tout en gardant en tête l’aspect pratique d’accès aux cultures (évitez les lasagnes trop larges dont le milieu ne serait pas accessible), on peut laisser aller sa créativité et se faire plaisir en testant des formes diverses…

Une butte façon lasagne peut être plantée/ semée tout de suite après réalisation et donc faite un peu au dernier moment si besoin…

Pour le jardinier qui s’essaie à ce type de culture pour la première fois, sa temporalité réduite a un côté rassurant dans le sens où l’élément peut être changé de place l’année suivante si besoin contrairement à une butte de culture permanente beaucoup plus énergivore à créer et qui ne pourra pas être déplacée facilement d’une saison sur l’autre.

C’est un support idéal pour les cultures gourmandes en nutriments comme les courgettes, les tomates, les aubergines, les poivrons, les épinards, les brocolis…

Sa composition riche en fait un support qui booste les cultures donnant généralement de superbes légumes.

Du point de vue de l’écosystème sol :

Faire une lasagne revient à donner au sol une grande diversité de nourriture (matières organiques) qui va démultiplier la vie qui peut s’y développer en offrant le gîte et le couvert à quantité de petites bébêtes, insectes et micro-organismes.

De plus, à l’endroit de votre lasagne, le sol ne sera plus ni travaillé ni piétiné pendant toute la période de vie de la lasagne, évitant notamment les problèmes de compactage et de destruction de la vie du sol comme nous l’avons abordé dans notre article sur les avantages et inconvénients des buttes de culture

Et même lorsque toute la matière apportée lors de sa création aura été « digérée » par la vie du sol (au bout d’un à deux ans en général, variable en fonction de la hauteur de la lasagne créée et du type de bordures choisies) et que vous n’aurez plus qu’un espace de terre légèrement surélevé par rapport au niveau initial du sol, cet espace sera un véritable compost grouillant de vie, micro-organismes et microfaunes utiles qui le rendront facilement cultivable !

 

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