Dans les principes de Permaculture, on tente d’obtenir un maximum de production de nourriture (calorie, qualité, quantité, etc.) en dépensant le moins d’énergie possible. Dans cet objectif, au niveau du sol, nous chercherons donc à le perturber le moins possible afin de préserver ses habitants (microfaune), conserver sa fertilité maximum, et surtout de l’aggrader. Le mulch est un des moyens clé pour aller dans ce sens…
Qu’est-ce qu’un mulch ?
Le mulch est une « couverture de sol » qui remplit de nombreux rôles et peut se présenter sous plusieurs formes. Il peut être minéral, issu de végétaux ou de matières animales, et même être vivant (plantations).
Il y a deux types de mulch : ceux qui vont fertiliser le sol, et les autres (bâches plastiques, pierres…). On peut donc mulcher avec énormément de matériaux, tout dépendra des ressources facilement disponibles et des objectifs à atteindre. Le but étant bien sûr, d’utiliser uniquement des produits qui n’auront aucune incidence nocive dans votre jardin (être attentif à la terre). Pour de la culture, nous allons donc en général privilégier ceux qui vont nous aider à fertiliser notre sol.
Attention à ne pas confondre la technique de mulch avec des appellations décrivant des techniques de mulch particulières ou des définitions floues. Exemples : Un « paillage » est un mulch réalisé uniquement avec de la paille. Un « paillis » est utilisé par certains pour dire « paillage », et d’autres pour parler des couvertures de sol en général (personnellement, nous vous déconseillons l’emploie de ce terme qui porte à confusion). Le « BRF » (bois raméal fragmenté) est une technique de mulch et de restauration des sols particulière, utilisant des rameaux de l’année broyées lors de la montée de sève. C’est une technique très intéressante pour une fertilisation poussée du sol, si elle est bien réalisée.
Pourquoi mulcher ?
Dans la nature, les sols nus n’existent pas !
Ils sont immédiatement colonisés par des plantes pionnières, puis d’autres types de végétaux qui vont se succéder, chacune ayant des rôles bien précis. Ce genre de plantes sont couramment appelées « mauvaises herbes » au jardin, alors qu’elles sont simplement là pour corriger une situation déséquilibrée. Pour les jardiniers « classiques », c’est une vraie plaie, car ils passent leurs temps à lutter contre la nature en arrachant toutes ces plantes pionnières, réclamant un effort constant.
Les permaculteurs, au contraire, vont travailler avec la nature en reproduisant un sol forestier.
Comprendre la succession écologique : en fait, le sol est un énorme réservoir de graines. Dès que celles-ci sont mises en lumière, elles éclosent pour prendre leur place, et commencer à mettre en œuvre la grande machine naturelle, nommée « succession écologique ». Chaque plante va construire une situation favorable pour celle qui suit, jusqu’à arriver à un stage relativement stable de l’écosystème que l’on nomme : climax ou climacique. Sous nos latitudes, ce stade est la forêt. Le stade vers lequel la nature évolue sans cesse, et de manière inéluctable, au niveau du sol, est le type de sol forestier, très humifère, couvert d’une importante litière de feuilles, de résidus ligneux (bois) broyés, et riche d’une vie intense…
En Permaculture, nous imitons les systèmes naturels et nous allons donc « accélérer la succession naturelle » pour créer ce sol forestier avant l’heure. Et pour cela, nous allons installer nous-même cette importante couche de matière organique.
Les bénéfices
Les gros avantages de cette imitation du fonctionnement naturel vont être nombreux. Tout d’abord, cette matière organique va être décomposée par la faune du sol et va se transformer en nutriments assimilables par les végétaux. En mulchant, vous entretenez donc la fertilité de votre sol. En effet, la forêt n’a nullement besoin d’engrais pour se développer !
Sous cette épaisse couche de matériaux, l’humidité du sol va être conservée, comme en forêt, ce qui va limiter, voir annuler les besoins en arrosage. La lumière n’arrivant pas sur un sol couvert, la levée des graines en dormance ne se fait pas, ou peu, ce qui limite énormément la pousse des plantes spontanées et la concurrence éventuelle de celle-ci avec vos plantations. Le sol étant couvert, il n’est pas soumis à la battante de la pluie, au vent, ce qui limite fortement sa compaction, et son érosion. Sous cette grosse couverture, le sol est aussi moins soumis aux températures extrêmes, ce qui le préserve. Il y a aussi beaucoup de bénéfices indirects à mulcher : le fait de ramasser des légumes propres comme les fraises ou les cucurbitacées, qui ne sont plus en contact avec la terre, ce qui par ailleurs évite aussi le pourrissement.
Quels en sont les inconvénients ?
Le mulching induit certains inconvénients. La présence de rongeurs, de limaces peut être encouragée si on mulche sans faire attention à certains points. La terre, au printemps se réchauffe moins vite, ce qui peut freiner certaines plantations hâtives. Et enfin, les semis ne sont pas facilités sur ce support et leur levée peut être contrainte par un manque de lumière.
Tous ces inconvénients peuvent être palliés par plusieurs moyens :
- le choix des matériaux
- le timing : quand mettre le mulch et quand l’enlever
- les endroits où il faut mulcher ou non
- les épaisseurs, etc.
Nous espérons que cet article aura éclairci vos interrogations sur la technique du mulch.
Sachez que nous envisageons la création d’un petit cours vidéo consacré uniquement aux techniques de mulch. Si vous êtes intéressé, merci de nous le dire dans les commentaires ci-dessous. Bonne permaculture à tous !