La zeuzère du poirier

La zeuzère (Zeuzera pyrina), avec ce petit nom qui pourrait vous attendrir en faisant penser au zézaiement, n’a en réalité rien de doux, bien au contraire, même si l’insecte xylophage prend des habits de papillon chic avec de jolis mouchetis. On l’appelle d’ailleurs la “coquette” mais plus généralement, on la nomme la zeuzère du poirier ou la zeuzère du marronnier : les arbres fruitiers sont ses préférés. L’Europe du Sud est sa zone de prédilection mais aujourd’hui, la zeuzère se trouve partout en Europe et même au-delà, notamment en Amérique du Nord.

La zeuzère, carte d’identité

La zeuzère du poirier est un insecte lépidoptère de la famille des Cossidés qui, adulte, se présente comme un joli papillon affichant 40 à 60 mm d’envergure, avec des ailes quasi transparentes, blanches et mouchetées de petites taches bleu métallique ; l’abdomen est gris et le thorax blanc est velu comptant 6 taches bleu gris (3 de chaque côté).

La distinction entre les mâles et les femelles ne saute pas aux yeux, de prime abord, mais elles sont un peu plus grandes qu’eux, arborent des antennes filiformes tandis que les mâles ont des antennes qui ressemblent à des peignes, et elles peuvent rapidement sortir leur organe de ponte si vous la touchez.

Leur durée de vie est très courte (une semaine à 10 jours) mais leurs vols nocturnes se succèdent de fin mai à début août, dans un but unique de reproduction.

Ce n’est pas le papillon lui-même qui est à l’origine des dégâts produits mais sa larve, une grosse chenille jaune couverte de points noirs régulièrement disposés sur chaque segment, avec une tête noire. Elle atteint fréquemment 5 à 6cm de long.

C’est donc au stade de chenille que cet insecte ravageur fait des dégâts, sur les poiriers et pommiers, qui ont sa préférence, mais la “coquette” ne renie aucune essence du verger et s’intéresse aussi aux feuillus ornementaux qu’il s’agisse d’arbres ou d’arbustes (pommier du Japon par exemple). Contrairement à d’autres insectes xylophages qui s’attaquent aux bois morts, celui-ci se nourrit du bois vivant : la chenille creuse une galerie dans le tronc ou sur une branche principale, selon l’âge de l’arbre, ce qui va le fragiliser, casser la branche, voire faire mourir un jeune arbre ou un plus âgé si la sécheresse s’invite en plus.

La zeuzère n’a qu’un seul cycle de reproduction dans l’année, mais il est extrêmement généreux : tout juste devenus papillons, les adultes s’accouplent et les femelles pondent dans la foulée jusqu’à 1000 œufs ovoïdes de 1mm jaunâtres, qu’elles vont déposer et cacher habilement ici et là grâce à leur long organe saillant, par petits groupes, dans les anfractuosités de l’écorce, des crevasses ou galeries abandonnées. Cela dure de fin mai à début août.

Selon les conditions météorologiques, les œufs peuvent mettre jusqu’à 3 semaines à éclore pour devenir des chenilles qui vont commencer à grignoter des parties “tendres” telles que les nervures, les pétioles des feuilles puis elles vont s’attaquer à l’écorce des jeunes rameaux et enfin, elles vont passer au sérieux, c’est-à-dire au bois des branches principales ou du tronc dans lesquels elles vont creuser des galeries internes verticales dont elles excaveront la sciure par l’orifice visible, laissant au sol – quand les dégâts sont bien avancés – des amalgames brun rougeâtres de sciures et d’excréments.

Avec l’hiver, les chenilles hivernent dans leurs galeries puis reprennent leur chantier lorsque le printemps arrive, et enfin elles se nymphosent entre avril et mai, avant de muer en imago. Le cycle annuel est bouclé. A noter que dans les régions au climat plus frais, le cycle peut s’étendre sur 2 ans.

Comment lutter contre la zeuzère ?

La prévention ne s’avère pas évidente car lorsque vous voyez les amas de sciure au sol, la zeuzère a déjà bien avancé son chantier. Il faut donc observer régulièrement les arbres notamment au cours de l’été pour vérifier que les jeunes pousses ne sont pas grignotées par les nouvelles chenilles. A ce stade très précoce, la lutte biologique avec le Bacillus thuringiensis (BT) peut donner de bons résultats sur un ou deux arbres, mais pas sur un grand verger, en renouvelant le traitement tous les 10 à 15 jours, à ce stade.

Ne comptez pas sur les oiseaux, les abeilles, bourdons, guêpes et autres hyménoptères car ces prédateurs n’en viendront pas à bout.

La technique de la confusion sexuelle avec des pièges à phéromones ne se révèlent pas concluants non plus.

En fin de compte, lorsque vous observez les sciures, il vous faut employer les grands moyens : prenez un fil de fer suffisamment rigide et formez une sorte de crochet à son extrémité, puis introduisez le dans le trou que la zeuzère a fait dans la branche ou le tronc et essayez de crocheter la grosse chenille pour l’évacuer. Peut-être n’y parviendrez-vous pas ou peut-être l’écraserez-vous sans l’avoir vue ? Frottez la galerie avec le fil de fer comme vous le feriez avec un goupillon. Puis vous pouvez nettoyer en injectant de l’eau sous pression avec un tuyau ou une grosse seringue. Essayez de passer un tampon imbibé d’alcool, puis il va falloir reboucher cette galerie car elle est une porte ouverte à toutes maladies et attaques diverses : utilisez du goudron de Norvège pour aider à cicatriser ou du mastic à greffer ou encore de l’argile pure mélangé à de l’eau.

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