Un jardin d’agrumes, ça fait rêver ! Toutefois, si tous les agrumes peuvent être cultivés à l’extérieur dans les régions à climat doux, ailleurs, il conviendra de les planter dans des bacs pour pouvoir les rentrer en hiver, idéalement en orangerie, afin de les protéger des gelées. C’est là que les maladies et ravageurs peuvent s’y développer, mais parmi tous les problèmes sanitaires décrits ici, certains vont essentiellement concerner les agrumiculteurs professionnels, ou toucher majoritairement la région méditerranéenne propice à cette culture
Les ravageurs et parasites des agrumes
Les insectes piqueurs-suceurs
Comme leur nom l’indique, ces insectes sucent la sève des agrumes et piquent l’arbuste pour injecter une substance toxique à l’origine du dépérissement de la plante. En outre, ils laissent une sorte de miellat qui n’est rien d’autre que leurs déjections collantes, mais qu’il est très difficile d’éliminer, sans compter qu’il favorise la fumagine. Cette dernière, causée par un assortiment de champignons, forme un dépôt noirâtre ressemblant à de la suie, qui diminue l’assimilation de la chlorophylle.
Les cochenilles farineuses

En effet, c’est souvent l’atmosphère de la serre ou de la véranda qui favorise le développement des cochenilles farineuses (Planococcus citri). Vous les repèrerez entre les fruits, à l’aisselle des feuilles et en dessous. Ces petits insectes piqueurs sont protégés par une carapace cireuse : ils pompent la sève de la plante et finissent inévitablement par l’affaiblir en faisant sécher des branches entières.
Comme leur invasion peut être très rapide, il est recommandé d’inspecter très régulièrement (tous les mois au moins) le feuillage pour détecter leur éventuelle présence afin de pouvoir agir au plus vite.
Si votre pied d’agrumes est envahi de cochenilles, plusieurs solutions s’offrent à vous :
- utilisez un jet d’eau un peu puissant afin de les faire tomber des feuilles et de les noyer. Elles sont peu accrochées et davantage posées, en réalité.
- vaporisez une solution d’huile de colza (2 cuillerées à soupe) et de savon noir (2 cuillerées à soupe) avec 1 litre d’eau : il faut intervenir au stade larvaire et renouveler car ensuite la carapace des cochenilles les protège.
D’autres cochenilles s’intéressent aux agrumes, malheureusement : la cochenille asiatique (Unaspis yanonensis), la cochenille australienne (Icerya purchasi), la cochenille plate (Coccus hesperidum), la cochenille serpette des agrumes (Lepidosaphes gloverii) ou encore le pou rouge de Californie (Aonidiella aurantii).
Les aleurodes et mouches blanches
Les aleurodes et mouches blanches des agrumes (Aleurothrixus floccosus, Dialeurodes citri) se reconnaissent en regardant le revers des feuilles couvert de masses blanches gluantes.
Les cicadelles
Les cicadelles blanches ou cicadelles pruineuses (Metcalfa pruinosa) sécrètent une matière cireuse et fibreuse, blanche destinée à protéger les pontes en stade larvaire de mai à septembre.
La teigne du citronnier
La teigne du citronnier (Prays citri) est un insecte qui passe du stade de chenille à papillon dans un délai court : son évolution complète se fait entre 1 et 2 mois. Elle se multiplie toute l’année et attaque donc les agrumes sans interruption. Ce sont précisément les chenilles qui dévorent les fleurs, les bourgeons, empêchant la formation de fruits.
Il est difficile de les repérer car la chenille est petite et pénètre à l’intérieur du bouton floral qu’elle évide avant de s’attaquer à un autre.
Si vous détectez la présence de la teigne du citronnier, coupez les boutons floraux attaqués. Vous pouvez aussi pulvérisez un insecticide biologique à base de Bacillus thuringiensis, efficace contre toutes les chenilles. Les pièges à phéromones sexuelles disposés au printemps fonctionnent bien lors de l’apparition des fleurs (à renouveler).
Les araignées rouges et acariens
L’acarien des agrumes (Panonychus citri) et le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) sont minuscules mais s’attaquent aux feuilles et aux fruits : les feuilles du pied d’agrumes jaunissent et cloquent avant de tomber.
La pulvérisation avec de l’huile et du savon noir comme pour les cochenilles, donne de bons résultats. La lutte biologique se fait aussi par les coccinelles notamment.
Les mineuses
La mineuse des agrumes (Phyllocnistis citrella) est un tout petit papillon grisâtre, asiatique, récemment apparu en France (fin du XXème siècle) qui pond sur les feuilles des jeunes pousses, permettant ensuite aux larves de creuser des galeries bien visibles faisant disparaitre la chlorophylle. La lutte biologique avec des micro-guêpes semble efficace chez les professionnels.
Les pucerons
Les agrumes n’échappent pas aux attaques printanières de pucerons qui conduisent à déformer les feuilles, s’enrouler les jeunes pousses et avorter les fleurs. La lutte biologique consistant à introduire des larves de coccinelles donne de bons résultats.
La mouche méditerranéenne des fruits
La mouche méditerranéenne des fruits ou cératite (Ceratilis capilata), est une petite mouche qui pond juste sous l’épiderme des fruits, permettant aux larves de se nourrir du fruit. Une fois partie pour la nymphose, la larve laisse le fruit taché et donc abîmé. Le piégeage par phéromones sexuelles semble le seul limitant les pontes.
Les maladies des agrumes
La maladie du dragon jaune
La maladie du dragon jaune, appelée aussi HuangLongBing (HLB), verdissement des agrumes, greening ou encore maladie des pousses jaunes est une maladie bactérienne : des insectes-piqueurs porteurs de bactéries issues de Candidatus liberibacter spp. infestent la plante en bloquant la circulation de la sève ; les feuilles jaunissent, les fruits diformes restent verts et l’arbuste finit par mourir sans possibilité se traitement.
Le phytophthora
Le phytophthora des agrumes est un champignon qui se développe en période humide et chaude, comme dans une serre ou véranda mal aérées, et qui atteint l’arbuste par l’écorce fissurée ou coupée. L’agrume finit par dépérir. Il n’existe pas de traitement biologique. Comme pour le mildiou la bouillie bordelaise peut être utilisée avec toutes les réserves connues.
Le mal sec
Le mal sec, dit mal secco, est une maladie cryptogamique qui touche plus particulièrement le citronnier et qui aboutit à priver l’arbuste de sève par obstruction des canaux, entrainant un dépérissement. Désinfectez toujours vos outils de coupe, vecteurs potentiels du champignon (Phoma tracheiphila). Les traitements sont inexistants : il faut couper et brûler les parties atteintes.
La tristeza
La Tristeza est un virus qui ne touche pas le citronnier, mais l’oranger et le mandarinier greffés sur bigaradier. Il est transmis par des outils mal désinfectés ayant été en contact avec des insectes (pucerons) porteurs du virus et il se détecte par un dépérissement soudain, triste, d’où le nom. Il ne reste qu’à brûler les arbustes.
L’exocortis
L’Exocortis est une maladie à viroïde (Citrus exocortis viroid) transmise par un sécateur mal désinfecté ou des greffons atteints, et elle va causer un dépérissement de l’agrume après que l’écorce se soit bien écaillée. Il faudra alors arracher et brûler les pieds.
Le chancre citrique
Le chancre citrique, dit chancre bactérien des agrumes ou chancre asiatique des agrumes, car il est d’origine asiatique, est une maladie bactérienne causée par la bactérie Xanthomonas axonopodis. Le pied d’agrume va être moins vigoureux et les fruits seront moins beaux s’ils ne tombent pas avec les feuilles de façon prématurée. Les importations d’agrumes depuis l’Asie contribuent à la propagation de la bactérie.
La gommose
La gommose se reconnait à cette sorte de sève que l’arbre exsude et qui finit par ressembler à de la gomme : il ne s’agit pas vraiment d’une maladie ni d’un ravageur mais d’une conséquence lorsque les nuisibles ou champignons laissent une blessure par laquelle l’écoulement se fait. La gommose qu’il faut gratter pour la supprimer affaiblit l’agrume.
A savoir
Des recherches menées en Floride ont montré que des apports réguliers de terre de diatomée (très riche en silice) aux agrumes leur permettent de renforcer leurs défenses contre les attaques de parasites, les maladies fongiques, le froid et le stress hydrique tout en augmentant leur production de fruits, plus sucrés et davantage matures.
Et puis n’oubliez pas que, contrairement à une idée reçue, les agrumes ont besoin d’eau et ne sont pas du tout à leur aise en intérieur, ils doivent hiverner autour de 8°C. Dès que les risques de gelées sont écartés, sortez-les car ils ont besoin d’un fort écart de température entre le jour et la nuit pour fleurir et fructifier.
Les maladies et ravageurs pourront être minimisés en veillant à la provenance des arbustes, en vérifiant qu’ils soient sains lors de l’achat et en désinfectant toujours précautionneusement vos outils. Mieux vous vous occuperez de votre agrume (taille, arrosage, chaleur, fertilisation, hivernage…) moins vous risquerez les maladies et ravageurs !